L’évaluation
des élèves est un profond malentendu dans l’Ecole. J’ai raconté ailleurs,
il y a plus de dix ans, les constatations que j’avais pu faire, dans un de mes
postes de recteur, sur les résultats des épreuves de biologie en série D.
L’un des IPR de biologie avait calculé la moyenne des notes attribuées à
l’ensemble des candidats au bac dans cette discipline (environ 4000 par an)
sur plusieurs années ; elle ne dépassait pas 10.
Je maintiens les conclusions que j’en avais tirées à l’époque. Quand sur
une population de cet ordre, dans la matière principale de la série, on en
arrive là, il n’y a que trois explications possibles : la population
concernée souffre d’un retard intellectuel, les enseignants ne sont pas à la
hauteur, ou il y a un problème dans la conception des sujets ou l’évaluation
des candidats. Et, concluais-je, comme j’écarte a priori les deux
premières explications …
C’est dire la communauté des préoccupations que je partage avec André
ANTIBI. La plupart des discussions sur notre Education nationale portent sur des
questions de structure. Il est bon qu’on rappelle l’importance des questions
de méthodes et de pédagogie. Car toute réflexion sur l’évaluation n’a de
sens que si elle s’appuie sur une analyse des rapports de cohérence entre les
modes de contrôle et la pédagogie qui les sous-tend. Il est aussi bon qu’on
fasse sur ce point confiance aux enseignants, quand on voit la catastrophe,
illustrée par quelques événements récents, que représente l’irruption du
pouvoir politique dans ce domaine. Mais il est aussi souhaitable que les
enseignants comprennent l’importance qu’il y a, pour eux comme pour les élèves,
à expliquer ce qu’ils font. Cette exigence n’est pas, comme ils le croient
trop souvent, une remise en cause de leur autorité ; elle est tout
simplement la condition de son renforcement.
Merci
à André ANTIBI de labourer de façon persévérante les champs de cette réflexion.
André
LEGRAND
Ancien Directeur des Lycées
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