André
Antibi est décédé hier, 20 mai, dans la soirée. Mathématicien,
universitaire, il constate que les notes des élèves d'une classe se
répartissent toujours, peu ou prou, selon une courbe de Gauss, et qu'il
faut des mauvaises notes pour que les bonnes aient un sens. Autrement
dit, même dans une très bonne classe, on fabrique artificiellement des
mauvais élèves. Si tout le monde avait 18/20, voire 20/20, le
professeur serait considéré comme laxiste et peu sérieux.
Il publie en 2003, en auto-édition mais avec le soutien de Nathan chez qui il a publié plusieurs manuels "La Constante macabre"
qui rencontre un réel succès. Il additionne les soutiens et en fait le
combat de sa vie. Il organise en 2006 un colloque au Sénat, où il
développe notamment l'idée que les enseignants peuvent passer avec
leurs élèves un "contrat de confiance", de façon qu'ils sachent sur
quoi ils seront évalués, et que tous ceux qui ont fourni un travail
normal soient récompensés d'une note normale, c'est à dire bonne. Les
actes en sont publiés par Nathan, sous le titre "L'Évaluation par contrat de confiance".
En 2009, il reçoit le soutien de Xavier Darcos, ministre de l'Education
nationale (ici), en 2011 le MCLCM (mouvement contre la constante
macabre) organise un colloque sur l'évaluation et le contrat de
confiance auquel participent notamment Jean-Michel Blanquer (alors
DGESCO), ainsi que les secrétaires généraux du SGEN-CFDT, de
l'UNSA-éducation, de la FSU, les présidents des 3 associations de
parents d'élèves, et Guy Brousseau (didacticien des mathématiques,
médaille Félix Klein),...
En 2012, le MCLCM reçoit les soutiens du ministère Peillon (ici) et
signent un appel contre la constante macabre les associations de
parents d'élèves (FCPE, PEEP, UNAPEL et FAPEE*), le SGEN-CFDT et la
FEP-CFDT, l'UNSA-Education et le SE ainsi que le SNPDEN (chefs
d'établissement) et le SIEN (inspection), la FSU avec le SNUIPP
(premier degré) et plusieurs autres syndicats (mais pas le SNES),
l'UNEF, l'UNL et la FIDL, les directeurs diocésains, les syndicats de
directeurs d'établissements privés, plusieurs mouvements pédagogiques
(dont les CEMEA, le CRAP, Education & Devenir, le GFEN, la Ligue de
l'enseignement), deux conseils généraux (Seine-Saint-Denis et
Val-de-Marne), ATD Quart Monde, l'AFEV, la JEC, la JOC... En 2016,
Najat Vallaud-Belkacem lui apporte à son tour son soutien, et l'année
suivante, c'est le cas de Jean-Michel Blanquer.
André Antibi est également musicien et il propose en 2018 une une
méthode de transposition au piano des accords utilisés par les
guitaristes pour s'accompagner. En 2020, il lance un nouveau combat
contre l'obsession de donner du sens à tous les apprentissages, et en
2021 contre l'omniprésence de l'évaluation.